Réussir un test utilisateur à distance non modéré

Le test utilisateur à distance se pratique de plus en plus : avec le Covid, on a dépassé l’automatisme du présentiel, et ce type de test permet d’interroger des profils dans plusieurs pays sans se déplacer ou recruter des équipes dans ces pays.

Le test non modéré est un test à distance, plutôt réservé à un contexte B2C, où l’utilisateur est seul devant son écran et va suivre un set d’instructions composé de tâches et de questions orales ou écrites, en totale autonomie. On abordera dans cet article le test non modéré qualitatif mais certaines plateformes permettent de réaliser des tests quantitatifs sur plusieurs centaines de personnes.

 

Quels bénéfices ?

Un gain de bande passante…

Un test non modéré ne mobilise pas d’UX Researcher pour la modération, permettant de gagner du temps sur les sessions de tests ainsi que sur la préparation en amont : pas besoin d’apprendre le protocole ni de s’entraîner à accompagner les participants sur ce protocole.

…Donc parfois un gain de temps

Le gain de bande passante pour l’UX Researcher peut se traduire par un gain de temps et une livraison plus rapide. Mais si une session ne s’est pas déroulée comme convenu – le participant ne correspond pas à la cible ou n’a pas réalisé les tâches – il faut lui chercher un remplacement, ce qui allonge la durée du test.

Pas d’annulations ni de no-shows

Généralement lors d’un test non modéré, le participant n’est pas observé en temps réel et n’a pas à s’inscrire sur un créneau horaire précis. Iel peut commencer le test quand iel veut et où iel veut. Cette flexibilité peut s’avérer utile lorsque l’on recrute des profils compliqués, qui manquent de temps et qui risquent d’annuler au dernier moment.

Proche du contexte d’utilisation réel

Comme pour tous les tests à distance, le participant est généralement dans son environnement et utilise son propre device : cela élimine les biais du labo et des appareils de test. Lors d’un test non modéré, le participant choisit également son moment très librement, n’est pas observé lors du test et, si on lui demande souvent de penser à voix haute, ce n’est pas dans un échange avec une personne inconnue mais seul avec l’interface. Le scénario de test reste imposé mais on est au plus proche possible d’une utilisation réelle dans un contexte de test.

Quand choisir de réaliser un test utilisateur non modéré ?

L’interface testée est simple

Personne ne sera là pour guider le participant, lui expliquer l’interface, clarifier un point ou répondre à ses questions. Bien sûr les incompréhensions de l’utilisateur font partie des données recueillies lors de tout test et ne sont pas à éviter absolument, mais il faut s’assurer que l’utilisateur puisse réaliser l’ensemble du protocole sans se retrouver bloqué à une étape.
Une interface ou un parcours à tester simple, c’est-à-dire comportant peu d’écrans et des interactions habituelles pour l’utilisateur, permettra aussi de privilégier des sessions courtes de 20-30 minutes, idéales pour ce type de test.

Le protocole est très linéaire

Lors d’un test modéré, le protocole peut être très ouvert, les tâches réalisées dans un ordre différent pour chaque participant, les questions posées au moment où elles font sens dans l’interaction du participant avec l’interface. Le protocole peut avoir différents branchements en fonction des actions précédentes de l’utilisateur. Or, durant un test non modéré, l’enchaînement des tâches et des questions est fixe, on ne pourra pas adapter le test en cours de route. Le protocole doit pouvoir fonctionner dans un ordre précis quelles que soient les actions de l’utilisateur et son parcours sur l’interface.

L’interface testée n’est pas un prototype

Il vaut mieux éviter le test sur prototype quand on est à distance, surtout sur des prototypes trop statiques type InVision, Marvel… L’utilisateur peut se retrouver coincé, il est difficile d’éliminer tous les culs-de-sac. L’utilisateur pensera souvent se trouver sur une vraie interface, même si on lui explique en introduction. Les limites du prototype génèrent ainsi de grosses interférences : l’utilisateur risque de passer du temps à les commenter, sans les distinguer de ce qui relève de l’UX du produit.

On n’a pas d’UX Researcher dans l’équipe

C’est une très mauvaise raison de choisir le test non modéré. L’expertise de l’UX Researcher ne se limite pas à la modération du test mais à tout ce qui se passe en amont et en aval : recrutement de participants de qualité correspondant à la cible, création d’un protocole adapté au non-modéré et analyse des résultats. Construire un protocole pour un test non-modéré est plus difficile que pour un test modéré car il doit se suffire à lui-même : L’expertise d’un UX Researcher est incontournable pour réaliser cette étape.

Bien réussir son test non-modéré

Rédiger des instructions claires

Pour l’écriture des énoncés, scénarios et questions, on retrouve les mêmes contraintes que pour la création d’un questionnaire : les instructions doivent être explicites, précises, sans ambiguïté. Le modèle de BRUSO est un bon outil pour évaluer ses énoncés.
Source : https://opentext.wsu.edu/carriecuttler/chapter/7-2-constructing-surveys/

Guider l’utilisateur sur les bons éléments

En plus de cette approche questionnaire, il faut réfléchir à l’interface testée pour s’assurer que la tâche ou la question ne puisse pas se rapporter à un autre élément de l’interface. Pour cela, il faut bien connaître l’interface dans sa globalité et tester son protocole en amont.

 

Tester son test

Rien de mieux que tester son protocole sur plusieurs personnes avant de démarrer le test : on le fera de préférence avec des proches éloignés du sujet, plutôt que des collègues qui connaissent l’interface. Les tests pilote doivent être proche de la situation de test : on laisse les personnes en autonomie. Si des corrections sont apportées, on re-teste avec de nouvelles personnes pour valider.

Ne pas accorder trop d’importance à son message d’introduction

Les testeurs ont tendance à lire en diagonale. C’est vrai pour les instructions et les questions qui, on l’a vu, doivent être claires et concises, et c’est d’autant plus vrai pour l’introduction qui sera au mieux survolée. Il faut éviter d’y inclure une information importante, surtout si elle n’est pas répétée ensuite.

Take away

Le test à distance non modéré est une méthode précieuse pour tester rapidement et efficacement des parcours simples. Elle vaut le coup d’être incluse à sa panoplie de méthodes en recherche utilisateur et activée au bon moment.
Challengeante au niveau de sa mise en place, elle doit être pilotée par un UX Researcher expérimenté.

 

 

 

 


Marie EUZEN, UX Designer @UX-Republic


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