[UX-Conf 2023] Expédition Zéro : l’aventure vers la sobriété !

Cet article retrace le discours prononcé par Benjamin de Molliens lors de la première édition de l’UX-Conf – Human First, qui évoque son “aventure vers la sobriété”. 

Benjamin de Molliens, un Breton de 35 ans, aujourd’hui établi à Marseille, a marqué le coup d’envoi de la première édition de l’UX-Conf. Il aborde un sujet d’une importance cruciale : la place du numérique responsable et éthique dans notre société contemporaine. Il a ainsi soulevé une question fondamentale : le numérique, un outil à la fois incroyable et redoutable en termes de bénéfices sociaux et environnementaux.

 

Une prise de conscience : la sobriété volontaire

Pendant trois ans, Benjamin a mis sa passion pour l’exploration et l’aventure sportive au service de ce qu’il considère comme sa mission de vie : rendre populaire la sobriété volontaire. Une sobriété qu’il tient à distinguer de la pauvreté. En effet, il met en avant l’idée que nous devons “vivre avec moins, mais pas vivre moins bien.”

Cependant, le chemin de Benjamin vers cette quête de sobriété n’a pas toujours été le sien. Il y a quelques années, il poursuivait son rêve ultime : travailler dans le numérique pour la Silicon Valley à San Francisco, l’épicentre du rêve américain. Il aspirait à une vie meilleure, à accumuler plus de biens matériels et à gagner davantage pour gravir les échelons sociaux. Ce rêve était alimenté par une vision sociale obsolète où le succès était synonyme d’accumulation matérielle.

Pendant cette période, Benjamin a réussi à maintenir un équilibre entre son travail et sa passion pour le kitesurf sur la baie de San Francisco. C’est là qu’il a commencé à se heurter régulièrement à des déchets, même dans une ville justement réputée pour sa gestion des déchets. Après quelques recherches, il a découvert une statistique alarmante : chaque minute, 20 tonnes de déchets plastiques sont déversées dans l’océan, soit l’équivalent d’une benne à ordures. Cette réalisation l’a frappé comme un coup de poing et a créé une dissonance entre son travail axé sur la performance et la réalité d’un fléau qui détruisait ce qui le rendait le plus heureux, l’océan. Une dissonance qui s’est progressivement transformée en dépression, poussant Benjamin à quitter la Silicon Valley pour retourner en France et s’engager dans la lutte contre la pollution.

Son engagement commence aux côtés du projet Plastic Odyssey. C’est une initiative audacieuse visant à faire le tour du monde en bateau pour diffuser des solutions de recyclage et de réduction des déchets adaptées à chaque économie nationale. Ces solutions devaient être à la fois “Low Tech”, faciles à fabriquer, “Open Source”et libres de brevets pour que tout le monde puisse en bénéficier. Cependant, après trois ans, Benjamin réalise que la technologie, aussi complexe soit-elle, ne suffirait pas à résoudre la crise environnementale tant que nos comportements et modes de vie ne changeraient pas.

“La technologie, depuis la révolution numérique, oui elle a réglé des problèmes, mais elle a surtout déplacé des nouveaux problèmes exponentiels. Donc il faut avant tout travailler sur l’humain, sur nos imaginaires. Changer nos rêves.”, a souligné Benjamin lors de son discours.

Le numérique, tout comme d’autres secteurs, contribue au changement climatique. En 2013, il représentait 2,3% des émissions mondiales de CO2, soit autant que le transport aérien. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 4%. Sans action ou changement de notre part, il atteindra 8% entre 2030 et 2040. L’urgence est palpable.

 

Le passage a l’action

La solution réside dans la réduction des émissions de CO2. Pour ce faire, il est essentiel de mesurer l’empreinte carbone individuelle de chacun d’entre nous. En France, en moyenne, chaque individu émet 10 tonnes de CO2 par an. C’est moins que les 16 tonnes des Américains. Cependant, l’accord de Paris, signé lors de la COP21 en 2015, vise à ramener cette moyenne à 2 tonnes par an et par personne, afin de réduire les émissions de CO2 de manière significative.

Benjamin, qui se considère comme un écologiste, réalise que son empreinte carbone personnelle était de 16 tonnes par an. Cela était en grande partie due à ses passions pour le kitesurf à Hawaii, le pilotage d’avion et les barbecues. Il pointe du doigt la société moderne, influencée par les réseaux sociaux et les influenceurs, qui glorifie ce mode de vie comme synonyme de réussite. Confronté au scepticisme de ses proches face à ses préoccupations, il décide de passer à l’action en remplaçant la culpabilité par la joie. Ainsi, il décida de raconter une histoire positive et d’inspirer les autres à agir.

Pour convaincre son entourage, Benjamin puise dans leur passion commune pour l’aventure. Il lance le projet “Expédition Zéro” avec trois règles fondamentales :

  • Zéro déchet (en particulier zéro plastique)
  • Zéro empreinte carbone (en privilégiant le train et le vélo plutôt que l’avion)
  • Zéro matériel neuf (pour limiter la surconsommation)

En l’espace de trois ans, il mène une dizaine d’Expéditions Zéro dans diverses disciplines sportives pour toucher un large public. Benjamin est convaincu que le sport est un moyen puissant d’inspirer les gens et de leur montrer qu’une vie sobre peut être tout aussi passionnante.

Son initiative a également touché les gens dans leur quotidien. Lors du deuxième confinement en novembre 2020, il crée le hashtag #nettoietonkm sur les réseaux sociaux, incitant les Français à nettoyer autour de chez eux. Cette tendance devient virale au-delà des frontières françaises. Fort de cette expérience, Benjamin lance d’autres défis visant à encourager les gens à revoir leur mode de vie, leur alimentation et leur utilisation d’Internet à travers de petits gestes. L’objectif n’est pas seulement de réduire les émissions de CO2, mais aussi de montrer les bénéfices directs de la sobriété : un meilleur bien-être mental, une meilleure santé, plus de temps libre et des économies financières.

 

« Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ! »

Aujourd’hui, Benjamin décrit sa vie comme étant plus simple mais aussi plus heureuse, dans le respect de l’humain et de l’environnement. Il croit fermement que la création d’un mouvement est la clé pour construire une réalité durable pour chacun. Des millions d'”écolos imparfaits” peuvent avoir un impact bien plus grand que quelques écologistes purs. C’est pourquoi Benjamin, avec son associé, a créé une agence visant à intégrer des notions de sobriété dans les entreprises grâce à des conférences, des ateliers et des défis.

La première étape cruciale vers cette réalité est la prise de conscience et la remise en question de notre propre comportement. Il faut se former, car le savoir est le pouvoir. Il faut mesurer pour agir. Enfin, il faut passer à l’action et s’unir pour créer un mouvement populaire.

Benjamin de Molliens propose également la règle des 5R :

  1. Refuser : réfléchir à ce dont nous avons vraiment besoin.
  2. Réduire : limiter notre consommation.
  3. Réutiliser/Réparer : éviter l’obsolescence et privilégier la réparation.
  4. Recycler : donner une nouvelle vie aux objets..
  5. Repenser : concevoir des solutions plus économes en énergie et plus simples pour les utilisateurs.

 

Conclusion

En conclusion, Benjamin aspire à ringardiser le rêve américain au profit du “Sustainable Dream”, un rêve où la sobriété, la conscience environnementale et le bien-être prennent le devant de la scène. Son parcours nous rappelle que chacun de nous peut faire une différence. Nous pouvons réfléchir à nos actions et choisir des chemins plus responsables pour l’avenir de notre planète.

Comme Gandhi, l’a dit « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ! ».

 

>> Téléchargez le support de la keynote d’ouverture de l’UX-Conf – Human First

Leslie Djaoual,UX/UI Designer – UX-Republic