Les personas sont-ils toujours d’actualité en 2025 ?

Persona

Les personas sont depuis longtemps un outil phare du design UX. Mais en 2025, de nombreux professionnels s’interrogent : est-ce encore pertinent ? Utile ?

 Cet article déconstruit les limites des personas classiques et explore comment les rendre réellement efficaces dans une démarche UX moderne.

Ce qui reste vrai et utile en 2025

Les fondamentaux des personas n’ont pas changé. Ils permettent de cibler les bons utilisateurs et aident à comprendre leurs motivations, leurs freins, leurs besoins. Ils facilitent aussi la communication et l’alignement entre les équipes UX, produit, marketing, tech… 

Utilisés intelligemment, les personas aident à prioriser les fonctionnalités utiles, à concevoir des parcours et des interfaces adaptés et à éviter de concevoir pour soi-même plutôt que pour l’utilisateur.

Mais pour qu’ils soient réellement utiles, encore faut-il qu’ils soient bien conçus  et surtout, véritablement utilisés. Un persona n’a d’intérêt que s’il sert de levier de conception, et non s’il se résume à un portrait marketing déconnecté, ce qui est malheureusement de plus en plus fréquent.

Pourquoi les personas classiques ne fonctionnent souvent pas

Beaucoup de personas sont inutiles car trop superficiels. Ils contiennent des informations peu pertinentes comme : trop d’éléments démographiques, des données figées dans le temps, rarement mises à jour et surtout trop génériques pour orienter des décisions concrètes.

Un persona comme :
« Pam, 38 ans, fan de tennis, a des difficultés à se connecter à ses comptes bancaires, commande en ligne chaque semaine » ne nous apprend rien de réellement exploitable sur sa manière d’utiliser une application bancaire ou un site e-commerce.

Résultat ? Il finit dans un coin d’un PowerPoint, oublié.

3 évolutions pour rendre les personas plus utiles et efficaces aujourd’hui

Jobs to be Done (JTBD)

Plutôt que de se focaliser uniquement sur des données démographiques ou des comportements types, cette méthode cherche à répondre à la question :

Quel “travail” (job) l’utilisateur essaie-t-il d’accomplir en utilisant ce produit ou service ?

L’idée principale du JTBD est que les utilisateurs n’achètent pas des produits, ils les “engagent” pour accomplir un travail précis dans leur vie qu’il soit fonctionnel, émotionnel ou social.

Ici, on ne décrit plus des personnes, mais des situations et des objectifs concrets.

Structure typique d’un énoncé JTBD :

Structure typique d’un énoncé JTBD

“Quand je [situation], je veux [motivation], afin de [résultat attendu].”

Exemple classique :
“Quand je prends Uber, ce n’est pas seulement pour me déplacer, mais pour éviter le stress de chercher une place de parking ou de rater un rendez-vous.”

JTBD vs. Personas

  • Personas : Qui est l’utilisateur ?
  • JTBD : Pourquoi utilise-t-il le produit ? Quel problème cherche-t-il à résoudre ?

Les deux approches peuvent être complémentaires, les personas donnent une identité et un visage à l’utilisateur,le JTBD, lui, offre du contexte et des motivations concrètes pour guider les décisions de conception.

Proto-personas est sa validation continue : des hypothèses aux données

Au démarrage d’un projet, il est normal de ne pas tout savoir. On part souvent d’intuitions, d’hypothèses, de premiers retours terrain. C’est là que les proto-personas entrent en jeu : des ébauches d’utilisateurs types, basées sur ce que l’on imagine ou devine.

Mais attention : un proto-persona n’est pas un persona figé. C’est un point de départ, pas une vérité. Ce qui fait la différence, c’est la validation continue.

En confrontant ces proto-personas à la réalité via des interviews utilisateurs, des observations terrain, et l’analyse des données comportementales  on les affine, on les corrige, on les enrichit. Le persona devient alors un outil vivant, ancré dans les usages réels et évolutif.

 Comme le résume Jeff Gothelf, auteur de Lean UX : “A persona without data is just a guess.”

Autrement dit : sans confrontation à la réalité, un persona reste une simple supposition. Avec une boucle de validation continue, il devient un outil stratégique pour guider la conception.

Des personas intégrés au quotidien de l’équipe

 Un bon persona UX n’est pas un fichier statique oublié dans un dossier partagé ou une slide d’atelier. Il doit vivre dans les outils du quotidien et guider les décisions de manière concrète, au fil des itérations.

Un persona utile, c’est un persona :

  • Consulté pendant les design critiques ;
  • Utilisé pour justifier ou challenger une priorité produit ;
  • Présent lors des tests utilisateurs pour orienter les scénarios ;
  • Connecté aux outils : intégré à Figma, Jira, etc. ;
  • Et surtout : mis à jour régulièrement, sans attendre un rituel officiel.

C’est la responsabilité de l’UX designer et de l’équipe produit dans son ensemble de prendre soin de ce persona, de le faire évoluer au rythme des apprentissages terrain, et de le garder pertinent et actionnable. Ce n’est pas une charge de travail supplémentaire. C’est un réflexe d’équipe UX mature !

Conclusion:

Les personas ne sont pas morts. En 2025, ce n’est plus suffisant d’avoir un beau portrait avec un prénom, une tranche d’âge et quelques hobbies. Ce qui compte, c’est l’usage réel, le contexte, les motivations profondes. 

Les approches modernes comme les Jobs to be Done, les proto-personas validés par la recherche terrain, ou encore l’intégration des personas dans les outils du quotidien changent la donne. Elles permettent de transformer un exercice théorique en un levier de décision concret.

 

Anaëlle Staelen, UX/UI designer et Product designer chez UX-Republic