Cette année, j’ai eu la chance d’assister avec Nicolas Lepelley aux UX Days, événement incontournable dédié à l’expérience utilisateur mais aussi à l’approche du design… C’est le plus grand évènement consacré à l’UX en France.
J’avais eu la chance d’assister il y a 5 ans aux UX Days, mais pour le coup cette année, changement de décor. Cette année, Flupa, l’organisatrice des UXD a décidé de poser ses valises dans un lien inspirant, au Centquatre-Paris (104), un espace culturel public situé dans le 19e arrondissement de Paris, au 5 rue Curial. Ouvert en 2008, il occupe les anciens bâtiments des Pompes Funèbres de la ville de Paris, transformés en un lieu innovant et polyvalent dédié à la création artistique contemporaine.
En tout, plus 14 conférences ont eu lieu, difficile de faire son choix ! Elles sont organisées autour de plusieurs thématiques UX (design systémique, design sprint, design génératif, assistants personnels intelligents, éco-conception, conception d’interfaces, etc.) !
Le Design d’Expérience comme Moteur du Changement
Ces deux journées de conférence, placées sous le thème du design d’expérience comme moteur du changement, ont été pour nous une véritable bouffée d’oxygène. On a eu la chance de retrouver de nombreux anciens collègues et designers, et de partager avec eux des échanges passionnés et enrichissants.
Nous avons discuté des conférences, de nos travaux respectifs, et de tout ce qui nous inspire et nous anime dans notre métier.
Je vous propose un récapitulatif de cette journée riche en enseignements et en rencontres, dédiée au design et à son pouvoir de transformation. Plutôt que de revenir sur les 14 conférences en détail, je vais me concentrer sur les deux conférences qui m’ont le plus marqué.
Avec Nicolas, nous avons pu quand même assisté à plusieurs #REX et #Conférences dont voici une liste non-exhaustive :
- Le Design de réparation au service des politiques publiques
- Pistes et inspirations pour un alter design écologique
- Eco-concevoir un outil métier, bonnes pratiques illustrées
- La Belle et la Bête : quand la science vient au secours
de la Direction Artistique
- Design Leadership en eaux troubles
- Le Blueprint dynamique : catalyseur de la transformation chez Renault Group
- L’effet Dunning-Kruger
- Concevoir un rythme humain dans une culture de croissance et de productivité infinies.
- Le design au service de l’agriculture
- Design et sciences comportementales, le combo ultime pour faire performer l’action publique
- Concevoir un rythme humain dans une culture de croissance et de productivité infinies.
Les secrets des personnes et entreprises les plus créatives
#Keynote d’ouverture avec Aaron Walter
La journée a débuté avec une keynote inspirante d’Aaron Walter, qui nous a dévoilé “Les secrets des personnes et entreprises les plus créatives”. Connu pour son livre sur le design émotionnel, Aaron a captivé l’audience avec des insights précieux et des anecdotes inspirantes, promettant une journée riche en apprentissages et en découvertes.
Qui est Aarron WALTER ?
Aaron Walter est une figure de proue dans le domaine du design et de la technologie. Il co-anime le podcast Better Design, nominé aux Webby Awards. Chez Mailchimp, il a été un pionnier du design centré sur l’expérience utilisateur, aidant l’entreprise à passer de quelques milliers à des dizaines de millions de clients. Plus tard, chez InVision, il a analysé les équipes de design des plus grandes entreprises technologiques pour découvrir les secrets de leur succès.
Pendant la pandémie de COVID-19, Aaron a travaillé avec le Dr Tom Frieden, ancien directeur du CDC, chez Resolve to Save Lives. Il y a aidé les équipes de santé publique américaines, le CDC Afrique et l’OMS à intégrer le design et la technologie dans leurs interventions d’urgence.
Auteur de plusieurs ouvrages, dont la dernière édition de Designing for Emotion, Aaron a offert ses précieux conseils en design à des institutions comme la Maison Blanche et le Département d’État américain, ainsi qu’à de nombreuses grandes entreprises et start-ups.
Aaron nous explique que depuis son enfance, il a été porté par une obsession pour la créativité, une passion qui se manifeste dans chaque décision de sa vie. Ayant grandi au milieu des champs et portant des cravates en laine, il a étudié la peinture et le dessin, ce qui l’a conduit à s’impliquer profondément dans le design UX. Aaron incarne l’idée de “Build a creative life!” (Construire une vie créative).
À travers son podcast “Design Better”, Aaron Walter a interviewé de nombreux artistes issus de divers domaines : designers, réalisateurs, peintres, musiciens, architectes, etc… Ces témoignages montrent que la créativité est omniprésente.
Lors de sa conférence captivante, Aaron a exploré les multiples facettes de la créativité. Il a souligné l’importance de l’ouverture d’esprit, de l’exploration et de la capacité à se laisser surprendre. Il a également abordé la nécessité d’embrasser le doute et l’incertitude, de ne pas craindre les contraintes, et de s’approprier la complexité pour aller au-delà des processus et méthodologies automatisés que nous connaissons bien, afin d’éviter la routine.
En outre, il a revisité l’histoire du design des années 50 sous un prisme américain, mettant en lumière les références historiques qui nous précèdent et nous inspirent pour être créatifs.
Sur l’exemple de Charles Ray, il nous fait comprendre que les contraintes et la créativité ne font partie que d’un seul processus. Dans un processus créatif, il faut pouvoir se mettre dans sa bulle, s’isoler à l’inverse des Open space qui nous interrompent dans notre créativité.
Eames Tandem Seating ETS
Charles et Ray Eames ont conçu le Tandem Seating pour les zones d’attente publiques à la demande de l’architecte Eero Saarinen pour le terminal de l’aéroport Dulles à Washington, D.C., et pour les nouveaux terminaux de l’aéroport O’Hare à Chicago. Ce système de sièges, durable et facile à entretenir, est conçu pour offrir un grand confort et résister à des charges extrêmes. Les rembourrages du dossier et de l’assise peuvent être remplacés individuellement. Sa modularité permet de combiner un nombre illimité d’unités de sièges, assurant une position assise détendue dans les espaces publics.
A travers d’autres exemples, Aaron, nous explique que la collaboration est essentielle pour amplifier une idée au sein d’un groupe, en mettant de côté notre ego pour le bien commun. Dans un environnement complexe, comme l’a souligné Hiroki Asat d’Airbnb, l’importance de la structure organisationnelle est cruciale. Briser les silos au sein des organisations simplifie les processus et favorise l’agilité.
Pour véritablement valoriser la collaboration, il est parfois nécessaire de faire taire certaines voix pour en entendre d’autres, assurant ainsi que toutes les perspectives sont prises en compte. Cela est essentiel pour une véritable créativité collective.
Comme l’explique le livre “Creativity, Inc.” de Pixar, le “moi” est la partie dangereuse de la créativité. Faire ensemble pour faire bien, telle est la clé.
Nous créons pour participer à l’expérience humaine, pour nous connecter au monde. La créativité est un acte de connexion généreuse, reliant les individus et les idées dans un effort commun pour innover et évoluer.
Laissez tomber notre égo, la collaboration amplifie l’idée du groupe et d’appartenance.
Dans leur vidéo, Damian et Tim d’OK GO démontrent l’efficacité du travail collaboratif : https://www.youtube.com/watch?v=u1ZB_rGFyeU
Il y a plein d’autres exemple que je pourrai citer, mais je vous invite à écouter les Podcast de Aaron : “Design Better”
Et pour finir, une autre conférence qui m’a bien marquée lors de cette journée :
L’effet Dunning-Kruger
#Conférence avec Aurélien Aries
Vous ne connaissez pas l’effet Dunning-Kruger ? Moi non plus 🙂
Revenons un peu sur les origines…
L’effet Dunning-Kruger, également connu sous le nom d’effet de surconfiance, est un biais cognitif où les personnes les moins qualifiées d’un groupe tendent à surestimer leurs compétences dans un domaine, un phénomène proche de l’ultra crépide arianisme.
Ce phénomène a été mis en lumière en 1999 par les psychologues américains David Dunning et Justin Kruger. Ils expliquent ce biais par une difficulté métacognitive des personnes non qualifiées, qui ne parviennent pas à reconnaître leur incompétence et à évaluer correctement leurs capacités. L’étude révèle également un effet inverse : les personnes les plus compétentes ont tendance à sous-estimer leur niveau de compétence et pensent à tort que des tâches faciles pour elles le sont aussi pour les autres.
Dans cette conférence, Aurélien nous explique que cet effet a pour but de mettre en évidence la perception de nos compétences réelles VS perçus.
Pour illustrer ses propos, Aurélien nous a parlé du Tweet de Donald Trump lors de l’incendie de la cathédrale de notre dame.
Dans cet exemple, Donald Trump a suggéré d’envoyer des bombardiers d’eau pour éteindre l’incendie, illustrant ainsi un biais cognitif connu sous le nom de biais de disponibilité. Ce biais nous pousse à privilégier les premières idées qui nous viennent à l’esprit, même si elles ne sont pas les plus efficaces ou appropriées.
Dans notre domaine de designer, cela se traduit souvent par des décisions telles que rendre un bouton plus grand simplement parce que le client ne clique pas suffisamment dessus, ce qui reflète également un biais de disponibilité. C’est une tendance à trop se fier à nos premières intuitions sans prendre en compte d’autres solutions potentielles ou une analyse plus approfondie de la situation.
« L’ignorance engendre plus fréquemment la confiance
en soi que ne le fait la connaissance »
Charles Darwin
Leur hypothèse fut qu’en observant une compétence présente en chacun à des degrés divers :
- La personne incompétente tend à surestimer son niveau de compétence ;
- La personne incompétente ne parvient pas à reconnaître la compétence de ceux qui la possèdent véritablement ;
- La personne incompétente ne parvient pas à se rendre compte de son degré d’incompétence ;
- Si une formation de ces personnes mène à une amélioration significative de leur compétence, elles pourront alors reconnaître et accepter leurs lacunes antérieures.
« Le plus grand ennemi de la connaissance n’est pas l’ignorance,
Mais l’illusion de la connaissance. »
Stephen Hawking
Il est crucial de continuer à apprendre et à se former régulièrement pour maintenir notre métacognition active. La lecture d’articles, l’écoute de podcasts, l’assistance à des conférences, entre autres, sont des moyens efficaces pour y parvenir.
L’effet Dunning-Kruger n’épargne pas le domaine des ressources humaines. Recruter un candidat affecté par cet effet peut avoir des conséquences catastrophiques. Pourquoi ? Parce que la surconfiance d’un candidat qui surestime ses compétences peut masquer ses véritables capacités, alors qu’un candidat plus prudent, posant davantage de questions, pourrait être plus réaliste et adapté au poste.
Cette théorie s’applique donc à de nombreux domaines et souligne l’importance de l’évaluation objective des compétences lors des processus de recrutement et de prise de décision.
Voilà, maintenant vous avez une meilleure compréhension de l’effet Dunning-Kruger. Pour approfondir vos connaissances, je vous encourage à lire des articles sur ce sujet fascinant.
En conclusion pour les UX Days 2024
Pour conclure, cette journée a été encore une fois riche en enseignements et en moments de convivialité ! Elle nous a permis de tous nous retrouver, de partager nos passions et nos expertises, que ce soit en UX research, UX design ou encore UX strategy. En résumé, cette édition a été une véritable réussite : complète, diversifiée et suivie par de nombreux UX designers venus de toute la France.
Un grand merci à toute l’équipe organisatrice pour leur incroyable travail, aux orateurs pour leurs interventions inspirantes, et à UX Republic pour nous avoir permis d’y assister. À l’année prochaine !
Fabien de Gezelle, UI Designer chez UX-Republic
