Rencontre avec Emmanuelle Mailhes, Product Designer chez UX Republic.
J’ai rencontré Emmanuelle lors d’une mission chez Ubisoft où j’ai eu la chance de découvrir une personne joviale et toujours à l’écoute.
En mission depuis bientôt 10 mois, elle nous partage son parcours, sa méthodologie et sa flamme, comme elle l’appelle, pour la conception de produits digitaux.
Hello Emmanuelle, peux-tu présenter ton parcours en quelques mots ?
J’ai 6 ans d’expérience dans le monde du design. Auparavant, j’ai été Directrice Artistique dans une agence de communication. Puis, au fur et à mesure des années, j’ai commencé à m’intéresser à l’UI et l’UX. C’est pourquoi j’ai voulu changer d’entreprise, pour me spécialiser dans ces deux domaines. Je suis donc arrivée en mars 2020 chez UX Republic, je fête bientôt mes deux ans.
Aujourd’hui, de part ma mission actuelle, je me considère plutôt Product Designer.
Car, bien que j’ai eu des missions ciblées UX ou UI, la majorité de mes missions a été de travailler la globalité d’un produit. Donc aussi bien travailler l’UR, l’UX, l’UI et la définition d’une stratégie qui englobe le produit. C’est dans ce type d’organisation et de rôle que je me reconnais le plus.
Actuellement, tu es en mission est-ce-qu’on peut dire que c’est cette mission qui a créé ce virage ?
Oui exactement. Avant, j’avais surtout eu des missions “coupe-feu” mais chez ce client je suis plus posée et j’ai plus le temps pour concevoir. C’est ce type de mission orientée produit qui m’anime. De plus, c’est une mission qui s’est beaucoup développée. Ce profil de Product Designer que je soutiens est intéressant car le design a tout à apporter. C’est un rôle qui permet d’effectuer un petit 360° autour d’un produit. Et c’est vrai que j’ai toujours été quelqu’un de “360”. Même en agence, je faisais aussi bien du print, du motion design, du web que de la gestion de projet. Je m’adapte en fonction du challenge.
Te considères-tu comme quelqu’un de pluridisciplinaire ? Ça doit t’aider en tant que consultante ?
Oui, quand je m’engage dans une mission ou un poste en interne je pars du principe qu’il faut remplir la tâche qu’on nous confie et si je vois du potentiel pour aller plus loin, je me donne les moyens pour proposer des choses. L’idée est d’être proactive et pouvoir faire évoluer le poste, la mission, les challenges, les objectifs. Se dire qu’on peut faire plus.
On demande souvent à un designer d’être curieux, peut-on dire que c’est ta façon de l’être ? Autant dans le savoir que dans la manière de faire.
Complètement ! Et tu vois, ces derniers temps je m’intéresse à des articles sur le rôle d’un Product Designer. Pour découvrir tout de ce rôle, surtout ce qui peut être attendu pour savoir où me positionner. Et je suis à l’écoute de ce qu’il se passe dans le monde du digital et des nouvelles technologies.
Avec le digital qui est en constante évolution, es-tu prête à voir ton métier encore évoluer au cours de ces prochaines années ?
Je ne me formalise pas à un rôle. Je sais ce que je peux apporter et je continue d’évoluer. Dans le digital, ça évolue tellement vite ! Entre mes études et là où je suis aujourd’hui, il y a presque un “no man’s land” qui s’est créé alors que je ne suis pas si vieille que ça ! C’est un métier de passion et sans la curiosité dont on parlait, on aurait du mal à suivre. Je rencontre des designers qui ont pu perdre leur flamme et je vois qu’ils s’arrêtent très vite, ils ne vont pas chercher le petit plus. Je trouve ça dommage. Cette flamme je l’ai toujours et j’espère pouvoir la garder tout le temps. C’est ce qui m’anime.
Justement, n’as-tu pas peur de te poser trop de questions et ne plus savoir où tu en es ou de perdre du temps ?
Je suis quelqu’un d’organisée. Si je sens que j’ai trop de choses en tête, je m’arrête un instant pour noter ce que j’ai à faire et je fais chaque chose en son temps. Grâce à mon passé en agence où tout est très speed et où il faut livrer des choses pour la veille en général, il fallait que je propose rapidement des solutions. J’arrivais à me poser des questions mais sans trop m’attarder. Du coup, à chaque étape je me pose la question “Quel est le but ?” et à partir de cette question je fais le chemin.
Avec cette façon de pensée “rétroactive”, arrives-tu à challenger ton travail ?
J’y arrive dans une certaine mesure. Je pense que pour chaque chose, il y a mille façons de faire. Donc c’est bien de challenger mais il ne faut pas trop le faire sinon on perd trop de temps. Il faut challenger de manière efficace. Surtout qu’on est souvent dans un contexte agile où, grâce aux itérations, il nous est possible de tester des choses et de faire plusieurs versions. Ainsi, on peut corriger si on détecte une erreur ou si des tests utilisateurs nous donnent une autre direction.
Cette curiosité et ce besoin de challenger l’as-tu également dans ta méthodologie de travail ? En atelier par exemple ?
Très souvent. Il y a quelques jours, j’ai fait un atelier en petit comité avec 5 participants et ça ne s’est pas déroulé comme je l’aurais souhaité. Je me suis remise en question pour qu’au prochain je puisse proposer une autre organisation.
Tu es une personne qui se remet beaucoup en question j’ai l’impression ?
Oui c’est exactement moi !
C’est une qualité comme un défaut pour moi. Je me dis que je n’ai pas pensé à tout alors que des fois il suffirait de proposer une autre session pour atteindre un objectif pas atteint lors d’un premier atelier.
Te sens-tu responsable de la viabilité du produit sur lequel tu travailles ?
À certains moments, oui. Mais j’essaie de prendre du recul car on fait partie d’une organisation et d’une équipe où les objectifs sont partagés. C’est grâce à ce recul que j’arrive à être moins dure envers moi-même.
Actuellement, chez ton client comment s’organise ton équipe ?
Il y a une équipe design dédiée au web. De mon côté, je suis en binôme pour la co-construction des deux applications (BtoB et BtoC). Le plus souvent on travaille ensemble afin de faire émerger des idées et nous challenger.
Pour moi, designer c’est un travail d’équipe. En étant plusieurs on active la créativité, il est difficile de l’avoir tout seul. On a une effervescence d’idées qui permet d’avancer.
En mission, on n’est pas toujours amené à travailler en équipe. Est-ce que c’est une organisation qui te convient ou préfères-tu travailler seule sur un projet ?
Personnellement, je préfère être entourée d’une équipe. C’est une demande que j’ai faite à mon manager chez UX Republic. J’apprécie pouvoir collaborer avec d’autres personnes, partager le même vocabulaire, challenger mes idées et aussi pouvoir acter avec un binôme ou une équipe. Il y a souvent une complémentarité qui s’opère qui permet de se soutenir.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’intégrer les équipes d’UX Republic ?
Je voulais continuer de travailler pour des clients différents, comme c’était le cas dans l’agence où j’étais, mais avec la volonté d’être dans une société reconnue dans le domaine de la conception digitale. Et c’est vrai que d’être entourée par des experts dans le domaine était pour moi une opportunité de monter en compétence. Et, quelque chose de tout nouveau pour moi, c’est d’être invitée à des soirées entreprises et de rencontrer des personnes qui travaillent dans le même domaine que moi.
Le Centre de Formation a-t-il été un élément qui t’a fait choisir UX Republic ?
Je suis autodidacte. Depuis toujours je me forme sur plein de sujets différents. Mais c’est vrai qu’avoir accès à des formations me donnait envie. C’est une chance de pouvoir être accompagné et acquérir un vocabulaire et des compétences qu’on peut ensuite réutiliser en mission.
Il faut quand même souligner que tu as participé très activement à l’animation de notre équipe de consultants, pendant la crise sanitaire.
Quelles sont tes actions préférées parmi celles que tu as organisées ? Et quelles sont celles que tu comptes mettre en place ces prochains mois ?
Je suis toujours en réflexion pour les actions à venir. Je n’ai rien de décidé encore. Mais c’est vrai que je voudrais continuer sur cette lancée. La crise sanitaire nous a beaucoup éloignés et toutes ces petites actions nous ont rapprochés. L’idée est aussi de proposer des moments pour dépressuriser de la mission et de partager nos passions et nos loisirs grâce à des échanges sur notre Slack.
Je pense en ce moment à un nouveau format où on pourrait discuter ou débattre sur un sujet précis.
UX Republic est aussi un centre de formation, quelles formations as-tu pu suivre ?
J’ai eu l’opportunité de suivre deux formations depuis mon arrivée :
La formation “UX Design” où j’ai pu revoir beaucoup de notions que je connaissais déjà et découvrir des informations sur l’User Research. C’était très intéressant de revoir la théorie et les bases. J’aime bien écrire les tournures de phrases des formateurs pour m’inspirer pour évangéliser auprès des clients.
La formation Lean UX : là c’est une méthodologie à part entière. Jusqu’ici, je n’ai pas pu l’appliquer dans sa globalité mais j’ai eu l’occasion de retravailler des ateliers et des méthodes ciblées pour les appliquer en mission. Je m’inspire des grandes lignes. J’ai une palette d’outils et après je m’adapte en fonction du contexte.
Emmanuelle on a bientôt fini notre petit échange, avant de nous quitter j’aimerais te poser 7 questions rapides :
UX Design ou UI Design ?
Product Design !
iOs ou Android ?
Android sans hésitation !
Sketch, Figma ou Adobe XD ?
Figma ! Pour l’évolution récurrente, la collaboration et la partie Design System.
Soit dans le domaine de la santé ou du bénévolat. Pouvoir me dire que l’application sur laquelle je travaille va servir humainement est une inspiration pour moi. Je trouve ça tellement beau de rendre accessibles des applications à des personnes qui ont un handicap. Et du coup que la technologie se plie à nous et pas l’inverse ! Par exemple, Xbox vend des manettes pour que des joueurs puissent jouer malgré un handicap moteur. C’est une démarche qui m’intéresse, tout comme l’accessibilité web.
Oh oui tout le temps ! En ce moment, j’écoute beaucoup de lo-fi hip-hop. C’est très doux, très posé. J’adapte ma musique en fonction des tâches. Une fois j’avais la traduction d’une brochure de français à néerlandais à faire, du coup, pour me concentrer et m’isoler j’avais mis du hard rock. Résultat : 0 faute, dans le temps imparti ! La musique me motive et me remonte le moral. La musique m’aide à respirer. Je fais tout dans la vie avec de la musique : je me douche, le ménage, la cuisine, le jardinage, le bricolage, la peinture, … tout !
Un livre, un film ou un documentaire sur le digital qui t’a marqué et que tu conseillerais ?
Le premier documentaire qui me vient à l’esprit c’est “Dans le cerveau de Bill Gates” que j’ai vu il n’y a pas longtemps. C’est une personne qui s’investit beaucoup et qui a réussi. Il finance pour aboutir à une idée et aider une cause.
Un designer que tu suis sur les réseaux sociaux ?
Je ne suis personne en particulier mais plutôt des comptes de groupes et de collectifs. Par exemple, UX 308 sur Instagram. Par contre, je suis beaucoup d’artistes, mais pas dans le digital précisément.
Et voilà 🙂 On a fini ! Encore merci pour notre échange Emmanuelle ! Souhaites-tu ajouter quelque chose qu’on n’aurait pas abordé ?
La seule chose qui me tient à cœur de préciser est qu’il ne faut pas oublier que le “design” c’est ni plus ni moins que la définition de “dessin” et de “dessein”. C’est-à-dire que la pensée relie le crayon.
On est designer, on conçoit une pensée. On ne fait pas de l’art. L’art est libre d’interprétation. Alors que notre design est voué à répondre à une problématique et pas à de l’interprétation. On n’est pas là pour faire du beau mais quelque chose d’utile et de bien ! Il y a une réelle réflexion derrière notre métier.
Sources images : https://undraw.co/illustrations
Alexa Cuellar, UX Designer @UX-Republic
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