Syndrome de l'imposteur : tous concernés ?

Un retour d’expérience personnelle, à usage de tous

syndrome de l'imposteur homme ballon
Tout UX-Designer est amené à des moments de doute, d’interrogation, de remise en question.
Vous êtes vous déjà retrouvé dans une mission où vous vous demandiez ce que vous faisiez là ? 
À donner un workshop pour lequel vous pensiez ne pas être  à votre place ? À ne pas oser demander une promotion ou de postuler pour un poste parce que vous ne vous sentiez pas à la hauteur ?
Bienvenue dans le monde merveilleux du syndrome de l’imposteur.

Qu’est-ce donc ?

Le syndrome de l’imposteur est une expérience que nous traversons presque tous à différents moments de notre vie. Il consiste à penser qu’à tout moment, quelqu’un va venir déclarer que nous sommes des fraudeurs, des affabulateurs, … bref que nous n’avons pas du tout notre place ici.
illustration sur la peur

Illustration : Bradford Veley, Imposter Syndrome, 2014 

Tout le monde ressent-il ?

Ce syndrome touche 70% de la population humaine et plus particulièrement les femmes, les minorités (quelles qu’elles soient) et les personnes à haut potentiel. Le syndrome de l’imposteur amène à douter constamment de ses succès, de sa carrière, voir de sa légitimité.
Mais qui suis-je pour en parler ? Un psychologue, un expert en sociologie ou encore un grand scientifique dans la recherche des profondeurs de la psychée humaine ? Non. Simplement un UX-Designer pour qui ce syndrome a eu un énorme impact sur sa vie.
Foule de personnes

Pourquoi le ressent-on dans nos professions ?

L’expérience utilisateur est un secteur assez jeune qui se développe à grande vitesse. Ainsi, pour nous, chaque mission est une première fois : nous découvrons un nouveau secteur, une nouvelle méthodologie, un nouveau workshop, … etc.

Les UX aiment le T

Les UX Designers ont ce que l’on appelle des compétences en T : une connaissance très élargie dans des domaines assez variés : ergonomie, psychologie, design d’interfaces, développement, tests utilisateurs … Avec, pour chacun, une connaissance plus approfondie dans un ou plusieurs de ces domaines. Ce qui nous amène à côtoyer beaucoup de personnes maîtrisant des domaines sur lesquels nous n’avons qu’une connaissance assez vague. Pas facile n’est-ce pas ?
explore fagnon

If you find yourself asking yourself “Am I really a writer? Am I really an artist?” chances are you are. The counterfeit innovator is wildly self-confident. The real one is scared to death.

– Steven Pressfield, The War of Art

Du doute à la solution

L’UX est de plus un domaine nécessitant énormément de remise en question. Nous sommes constamment amenés à proposer des hypothèses, imaginer des solutions, de nouvelles façons de penser… qui sont ensuite envoyées sur le champ de bataille du test utilisateur et qui parfois se retrouvent être de cuisants échecs. Si cela fait partie intégrante de notre méthodologie, ces moments restent difficiles à vivre parfois au niveau personnel.

 les compliments

Aller plus haut

Enfin, il y a ce qu’on appelle The Gap. Ce “creux” que vous ressentez entre ce que vous voudriez accomplir et ce que vos compétences actuelles vous permettent. Ce creux est commun à énormément de professions. La bonne nouvelle, c’est qu’au fur et à mesure de votre carrière, il est amené à s’amenuiser alors que vous prenez de l’expérience et montez en compétence.

Beat It!

Je ne vais pas vous laisser à vous exposer quelque chose que vous vivez et ne rien ajouter, ce serait trop cruel. La bonne nouvelle c’est que j’ai réussi à le dépasser. Après quelque temps en freelance, j’ai un jour décidé de tout claquer et j’ai quitté mon pays pour rejoindre UX Republic que j’admirais depuis trois ans (et non, ils ne m’ont pas menacé pour écrire ceci).
monter les echelons

ACT I : The Road So Far

Nous passons notre temps à nous comparer à autrui, à envier certaines carrières. Cela nous permet de nous fixer des objectifs, mais l’impact sur notre mental est énorme. Prenez le temps, à la place, de jeter un regard en arrière.

Qu’avez-vous accompli ? D’où venez vous ? Quels ont été déjà vos succès, vos diplômes, vos projets réussis ?

Vous vous rendrez compte que, si il vous reste de la route, celle que vous avez déjà accomplie est gigantesque.

ACT II : Parlez-en

Si ce syndrome nous fait penser que nous devons nous cacher pour ne pas dévoiler notre imposture, s’en ouvrir vous fera réaliser à quel point il est répandu. Soudainement vous découvrirez que même les personnes que vous admirez le ressentent et que non, vous n’êtes pas seuls.

There are still days when I wake up feeling like a fraud, not sure I should be where I am.

– Sheryl Sandberg, COO of Facebook

ACT III : Acceptez l’échec

Notre profession est faite d’échecs, c’est avec cette méthode d’essais-erreurs que nous évoluons vers la meilleure solution possible. Personne n’a la science infuse, vous n’arrivez que très rarement à trouver tout de suite la meilleure solution pour un projet. Voyez l’échec comme un apprentissage, une marche de plus vers ce que vous devez atteindre.

ACT IV : Agrégez les retours positifs

Depuis des années, je prends le temps de tenir un document dans lequel je note toutes les remarques positives que j’ai reçues. Que ce soit sur le plan personnel ou professionnel, ce fichier est une source énorme de soutien dans mes moments de doute. Il me permet de me recentrer sur ce que pensent objectivement les autres de moi et non sur mon ressenti subjectif parfois trop mis à mal.

ACT V : Self Gratitude

Chaque matin je prends le temps d’écrire dans un petit cahier trois points positifs à mon égard. Ce n’est pas facile tous les matins, cela demande de réfléchir parfois, mais s’obliger à trouver trois points positifs vous force doucement à améliorer l’image que vous avez de vous.

ACT VI : Osez.

La plus difficile, mais celle qui vous apportera le plus. Même si la peur vous tenaille, osez postuler à ce poste, osez prendre ce projet ou organiser cet atelier. Vous vous rendrez tout doucement compte que vous n’êtes pas seuls, et que les choses ne sont plus aussi terrifiantes une fois qu’on les affronte.

ACT VII : Aidez

En parlant de vos problèmes vous vous rendrez compte que d’autres les partagent. N’hésitez pas à donner du temps lors de votre parcours pour être à l’écoute d’autrui et conseiller. Depuis 4 ans je donne du temps anonymement sur un site d’entraide (7Cups), j’ai pu rencontrer des expériences de vies très diverses, parfois très difficiles. Mais au fur et à mesure que j’aidais d’autres personnes, en étant présent et écoutant, je me suis rendu compte que ma vision de mes problèmes se faisait plus douce.
you'll get it eventually

Mais j’ai encore peur !

Alors prenez ces clés en mains et appliquez les dans votre vie. Vous êtes capables d’accomplir de grandes choses (oui même toi au fond près de la fenêtre), chacun d’entre nous a quelque chose à offrir au monde d’unique. Ces dons sont un cadeau que nous avons tous reçu, alors ne nous privez pas d’eux, foncez, osez, offrez vous à ce monde qui n’attends que vous.

Take Away

Osez vous mettre en avant, même si vous avez peur. Parlez, échangez, tentez. Et utilisez les sept clés :

  • Regarder ce que vous avez accompli
  • Parlez de votre ressenti avec des collègues
  • Acceptez l’éventualité de l’échec
  • Gardez tous les compliments que vous recevez
  • Notez chaque jour 3 points positifs sur vous même
  • Osez prendre des risques
  • Aidez d’autres personnes, ne serait-ce qu’en les écoutant