Interaction 18 : Alan Cooper, Lyon et moi

Après avoir suivi, Quentin, UX-Designer & Responsable Marketing @UX-Republic entre une course poursuite pour prendre son train, un atelier de découverte Adobe Xd et un cocktail au  Musée des Confluences, nous retrouvons notre grand reporter pour sa rencontre avec M. Alan Cooper. Lui aura t il offert des fleurs, du chocolat ou son t-shirt, découvrez le dans la suite de ses aventures.

Jour J !

J’ai les yeux ouverts dans mon lit, je regarde le plafond, j’attends que le réveil sonne… aujourd’hui je rencontre Alan. Je suis sûr qu’il m’attend lui aussi.
Je m’habille en vitesse (ou est ce que j’ai dormi habillé? je ne sais plus), je retrouve les copains dans le hall et on file à La Sucrière où vont se dérouler les conférences de la journée. Le programme va être chargé, il y aura Alan et les plénières ce matin puis on se répartira en trois espaces dans l’immense bâtiment pour l’après midi, petite mise en bouche :

c'est rose, c'est beau, c'est le programme d'Interaction 18
Le joli programme de ce mardi 6 février
Voilà les conférences auxquelles j’ai pu participé :

  • The Oppenheimer Moment, Alan Cooper
  • From blank page to world Stage, Cheryl Platz
  • TV is dead, long live TV — crafting compelling living room experiences, Molly Lafferty
  • The creative possibilities in designing for social media conversations, Nina Lysbakken
  • Animation in UX — The subconscious influence of motion
  • Art game — Early interactive design at the office of Charles and Ray Eames

Bon évidemment, il y en avait d’autres, toutes apportaient leur lot d’intérêts, de notions nouvelles et intéressantes mais il a fallu faire des choix et ce sont celles qui m’ont marqué. Pour celles ou ceux que le programme intéresserait, l’ensemble a été filmé et retransmit sur Viméo.

Le Monsieur
Le grand Monsieur à la petite moustache

The Oppenheimer Moment, Alan Cooper

Ca y est, on est en place, on attend le grand moment. Interaction 18 c’est un peu le show à l’Américaine avec effet de lumière, musique d’entrée, estrade et écrans géants sous titré en temps réel, mais c’est aussi, pour l’occasion, bien français, on est dans un bel endroit empli d’histoire, même s’il y a du monde cela reste à taille humaine et tout le monde a l’air accessible et content d’être là.
Alan arrive, mon coeur bat. Il a a des bretelles sur sa chemise et il s’est laissé pousser une petite moustache depuis la dernière fois où je l’ai vu (en vidéo évidemment), ça lui donne un air sage et bienveillant, un papa de l’UX Design qui vient nous délivrer son message pour ouvrir le salon. Et quel message ! Honnêtement ça fait du bien d’entendre ce type de discours, venant d’un américain qui plus est, qui vient tout simplement nous dire qu’il faut arrêter la course au profit et à l’argent pour se re-concentrer sur l’essentiel et se poser la question d’être un “good Ancestor”, de laisser une trace durable pour nos enfants, quelque chose dont on puisse être fier et qui fasse sens.
Il serait long et fastidieux de retranscrire ici tout son discours et je vous invite vivement à aller l’écouter via le lien video posté un peu plus haut mais voilà ce que j’en retiens dans les grandes lignes.

IxDa is about user centric design, not designer centric design

Du haut de son pupitre, Cooper pose la problématique du détournement de nos meilleurs innovations en action ou service malveillants, voire malfaisants (exemple : la bombe atomique. A la base une avancée majeure pour la recherche scientifique et la communauté des physiciens qui devient l’arme la plus meurtrière de l’histoire de l’humanité).
Cela se fait via un mécanisme que nous ne comprenons pas vraiment où personne n’est à blâmer, il s’agit d’un problème systémique. Un certain nombre de “petits” problèmes, de dérives auxquelles nous ne pensons pas nécessairement au moment où nous essayons de répondre à une problématique précise, peuvent se révéler désastreux à l’échelle d’un système dans sa globalité.
C’est là que se pose la question de la responsabilité, de nous tous mais particulièrement de nous, designers, lorsque nous pensons les solutions de demain. Pour éviter ce genre de désastres, ou du moins essayer, Mr Cooper propose une sorte de méthode pour se poser les bonnes questions au bon moment : “the Ancestry Thinking”

  1. What are our asumptions ?
  2. What are ours externalities ?
  3. What Time scale are we using ?
  4. Tactical tools to ancestry thinking

Working backward

“Working backward” peut être une solution pour se poser ces bonnes questions, un peu à la méthode des “5 pourquois”, reculer et examiner les environs de la problématique, prendre du recul et comprendre le contexte, questionner la cause plutôt que d’essayer de répondre à la question précise. La meilleure solution entre l’option A et l’option B est souvent l’option C.
Oublier le profit et penser d’abord à la qualité, les retombées viendront alors d’elles même.

Profit is a byproduct of quality

On ne peut pas changer le système, ce n’est pas possible, mais on peut avoir des actions micro, à notre niveau en tant que personne. Il ne s’agit pas d’une rébellion non plus et il ne faut pas remettre en question systématiquement l’ensemble de nos travaux en prétextant que le business n’est pas la priorité, c’est plus une question de dialectique. Nous avons le pouvoir, en tant que personne, en tant que designer, de prendre le temps de penser les solutions de manière durable, de prendre en compte les dérives possibles et de les corriger alors qu’elle sont encore de toutes petites problématiques, qu’elle n’ont pas encore atteint le système global.

Les “makers” ont plus d’outil et de raisons de pouvoir changer les choses que les compagnies ou les politiques, nous avons la responsabilité de créer un meilleur futur ! 

Cela peut sembler un peu conceptuel retranscrit de cette façon mais cette prise de parole fut diablement inspirante et a donné le ton de cette journée sous le signe de la responsabilité et de l’éthique. Merci Mr Cooper, je suis comblé !
J’ai pris le temps de détailler un peu cette conférence qui me tenait à coeur mais je vais essayer de vous ressortir l’essentiel des suivantes.

Cheryl PLatz in da place
Cheryl PLatz sur scène

From blank page to world Stage, Cheryl Platz

Cheryl Platz, Senior Designer pour Amazon puis Microsoft s’est interrogé sur la manière de concevoir un produit, de partir d’une feuille blanche pour arriver à un produit de renommée internationale, voici en résumé ses conseils :

Les solutions ne se trouvent pas du jour au lendemain, il est normal de ne pas avoir toutes les réponses.

1. Seek the truth
Etre à la recherche de la vérité. Non seulement essayer de comprendre exactement ce qu’attendent les personnes en se mettant à leur place et non en imaginant ce dont ils pourraient avoir besoin (rester bien focalisé sur les éléments factuels de recherche et d’étude du comportement) mais aussi proposer un produit qui ne mente pas, qui ne triche pas sur ce qu’il est et ce à quoi il sert.
2. Find the Icebergs
Identifier les problèmes en amont, y faire face tout de suite et envisager l’ensemble des points qui pourrait nous faire rater.
3. Inspire allies with your story
Motiver les parties prenantes du projet, prendre des cas concrets dans l’actualité, les médias, la culture, s’y rattacher et encrer le projet dans le réel. Soigner l’histoire et le story telling. Partager sa recherche, laisser les arguments parler d’eux même. Partager la vision du produit, montrer très vite un prototype ou ce vers quoi vous tendez.
4. Solve old problems in NUI way
NUI pour Natural User Interface, ou comment limiter les frictions en utilisant tout une variété de mécanismes reproduisant les comportements humains comme la voix, les gestes, le toucher ou les mimiques.
5. Embrace change but stay the course
Considérer le changement et l’innovation mais garder le cap et le besoin initial bien en tête. Les utilisateurs ont leurs habitudes et vont préférer ce qu’il savent faire plutôt que le ré apprendre.


Après ces deux premières conférences, le niveau s’annonce élevé, je suis ravi et il est temps de faire une pause. Je pars déambuler dans les niveaux de la Sucrière, passant de stand en stand en choisissant les prochaines interventions auxquelles je voudrais assister. Suite et fin demain donc, dans un prochain article.
En attendant, j’ai oublié les fleurs, je ne lui ai pas offert de chocolat et je ne lui ai même pas parlé mais j’ai vu Alan Cooper, je peux partir tranquille !
Quentin, Responsable Marketing & Coach UX @UX Republic